L'Ariégeoise 2016
Vendredi 24/6/2016, la distribution des dossards est commencée sur la place de Tarascon sur Ariège et dès 9H, les cyclos ou les représentants font la queue pour avoir leur sésame. Tout se passe bien comme toujours. Et je peux même dire qu'il n'y a pas tellement d'attente dans chaque file. De multiples exposants sont présents et pour ma part, je fais simplement l'acquisition de trois coups de fouet pour la course. Et je rentre chez moi, prendre un peu de détente car je sais que le lendemain la course sera rude. Seule inquiétude, le temps qui est promis plus ou moins à quelques averses éparses. Un truc des belges qui doivent jouer au stadium de Toulouse le dimanche! Participation prévue, record battu une fois de plus, allant jusqu'à 5000 pour l'ensemble des courses du jour, les organisateurs ne voulant pas aller plus loin, de peur de ne pouvoir être à la hauteur pour l'organisation. 300 demandes ont été refusées. Même comme d'habitude, elle sera irréprochable.
Inutile de vous dire que j'ai choisi le parcours de l'ariégeoise, celui XXL étant prévu plutôt pour les cadors. Par ailleurs, je trouve que cette année le parcours de la Mountagnole si elle est plus courte et moins bosselée que l'Ariégeoise est plus difficile par le fait que la montée de Beille est en fin de parcours. Et puis la montée grandiose de Pailhères n'est pas à rater. Dossard sympa depuis l'an passé, avec le prénom du coureur, sa nationalité et sa région : une bonne idée. Ce qui fait que certains cyclos m'ont reconnu facilement à leur passage et m'ont salué. Sympa, non?
Samedi matin, vers 5H30, je me lève pour me préparer tranquillement après un petit déjeuner normal mais copieux. J'ai mal dormi comme souvent quand je sais que je vais participer à un tel événement. On va faire avec! Je vais me mettre le maillot du club de l'Ariégeoise, Jaune et Noir que je suis fier de porter. Je descends en voiture vers 6H45 jusqu'à Bompas car je sais qu'en partant de là, je pourrai me faire un petit échauffement jusqu'à la ligne de départ. Et déjà sur l'ancienne N20, les cyclos défilent. Inutile de vous dire que sur la ligne de départ qui bordent l'Ariège (cours d'eau!) ça grouille un maximum mais déjà la pente est rude pour redescendre sur la route d'accès. Il vaut mieux faire ça cool car il y a tellement de cyclos que la chute peut arriver à tout moment. Et ce serait bête avant le départ. Bon, je ne me tresse pas trop car je pars dans le sas des prioritaires et je croise la route de Claude, un pote du club. Un costaud mais moi je n'es pas le même objectif que lui qui va faire la XXL, soit la montée de Beille en plus de l'ariégeoise. Ceux du club sont un peu plus haut mais je préfère rester à ma place comme je sais que je ne pourrai pas les suivre. Mon objectif: terminer le parcours et à 68 ans, je ne désire pas plus.
D'autres potes se retrouvent comme Jean-Michel et David qui se font un selfie! Nicolas et ses potes quand il était encore en pleine forme ou presque. Je croiserai leur route un peu plus tard. On entend à peine le speaker comme il n'y a pas eu de hauts parleurs installés à cause des orages violents de la veille. Les minutes s'égrainent jusqu'à 8H, heure de départ prévue. La prudence est recommandée comme à chaque fois vu le nombre de participants et l'expérience du passé confirme cette demande. Bon pour le temps, ça ne va pas être terrible puisque des averses éparses sont attendues. D'ailleurs, connaissant la montagne, les nuages bas au dessus des sommets me font penser que nous aurons toutes les chances de franchir les sommets dans le brouillard, un peu comme l'an passé au niveau de Péguère. Ce sera donc pour moi 154kms pour 3168m de dénivelé, une première car je ne suis jamais monté autant mais l'attrait de franchir Pailhères m'a incité à choisir ce parcours. D'ailleurs je me suis dit que la Mountagnole, si elle était moins longue et avec moins de dénivelé, était aussi dur car la montée de Beille en fin de parcours est toujours éprouvant.
8h le top départ est donné pour plus 2500 cyclos ou presque, mais je vais me montrer très prudent car je sais que ça part comme des bombes, allant entre 40 et 50kms/h. Je me laisse entrainer par le flot mais en gardant bien ma ligne car ça déboule de partout, à gauche, à droite. Ceux qui étaient loin veulent retrouver le haut de la course. Mais fidèle à mon habitude, je roule cool sans me mettre dans le rouge dès le départ. Les groupes se forment vite. Et j'ai des passages où je me retrouve seul. Pour l'instant, j'essaye de rouler à vitesse constante. Bompas à l'approche de la première pente.
Petit goulot d'étranglement au passage de Mercus comme d'habitude pour arriver sur Garrabet où un petite bosse nous attend mais déjà les pelotons s'étirent. La Charmille et l'on quitte la direction de Foix qui devront prendre les randonneurs de la Mountagnole, dont mon ami Pilou. Direction St Paul de Jarrat avec le contournement du village, Celles et déjà je repère un cyclo qui doit être dans ma catégorie. J'essaye de calquer ma vitesse sur la sienne, régulière! C'est un bon moyen pour mener sa monture à bon port.
Et pas mal de potes me dépassent en ne manquant pas de me saluer, un truc qui me fait chaud au cœur, à croire que le vélo s'il est dur, n'est pas un monde de brutes! Lol! Nalzen va être en vue et une difficulté commence comme je m'en doutais car il y a des travaux qui y sont commencés depuis plusieurs jours donc passage sur une ligne de la route. Ca râle un maximum chez les cyclos et on doit même mettre le pied à terre pour passer dans de bonnes conditions. Inutile de vous dire que les voitures en face sont arrêtées et forment une file gigantesque. Le passage difficile passé, on plonge et là, il faut en profiter pour se ravitailler car son absence provoque souvent des coups de barre. Et ça, je veux éviter. Connaissant bien ce passage, je m'éclate un maximum en descendant à fond. A gauche, on croise la route qui descend de Roquefixade que prendront les cyclos de la Passéjade, mais là ils auront déjà fait la montée et ils glisseront jusqu'à la Charmille. Petit passage où je suis un peu en solo mais je sais que j'aurai de tels passages pendant la course. Pas d'affolement pour autant de ma part. Je sais que pour l'instant c'est encore cool.
Lavelanet avec ces quelques sens giratoires mais la route nous est réservée, donc je passe sans difficulté. La seule chose où il vaut mieux être prudent, c'est le passage en centre ville. Bon, maintenant, ça va être plus tranquille, je plonge sur l'Aiguillon mais déjà j'aperçois les sommets qui sont noyés dans les nuages. Belesta n'est plus loin et la première vraie difficulté aussi.
Dans le village, la circulation est figée mais pas les spectateurs qui applaudissent à tout va. Des moments chaleureux qui ne peuvent que nous motiver. Et la première rampe vers le col de la Croix des Morts se dessine devant nous avec un bon pourcentage qui va commencer à en ralentir certains. Je reste toujours au même rythme. Et première intervention des photographes de Maindru. Il y en aura nettement moins cette année. Et ils sont positionnés où ils peuvent le maximum de cyclo. Les sourires s'affichent encore sur les visages.
Inutile de vous préciser que David et ses copains sont passés depuis longtemps?. Normal, place aux jeunes! Et la couverture nuageuse commence à se faire sentir. La fin de la montée a toute les chances de se terminer dans le brouillard, un peu comme l'an passé dans la montée de Péguére.
Dépassé par un motard de la gendarmerie, je suis vite dépassé par les premiers de la Mountagnole. Pas la même allure, vous vous doutez! Et arrivent tranquillement Alain et sa fille mais l'essentiel, n'est-il pas de participer? Prendre du plaisir.
La première montée réelle va s'achever et les cyclos commencent à se regrouper sur le faux plat montant avant le passage du col. Certains ont déjà revêtus le coupe vent car la pluie fine se fait sentir. Mais considérant qu'il vaut mieux ne pas le mettre encore car en dessous en général on subit une vraie étuve. Des panneaux indiquent la fin du col à 1km, le truc qui encourage. Mais ce col n'est pas le plus dur. Je peux même dire que ce n'est qu'une entrée.
Et on bascule très vite en Aude et plus exactement en Pays de Sault, si beau quand le soleil est là. Nous sommes à une altitude atteignant les 1000m de moyenne. Pas grand monde sur le bas côté des routes par ce temps, vous vous doutez et on arrive à l'embranchement de la route de Quillan/Belcaire. Des files de voiture sont arrêtées à l'intersection. Effectivement, il va falloir que les conducteurs se montrent assez patients car un c'est un long chapelet de cyclos qui déboulent, assez échelonné. Direction Espezel à gauche du carrefour.
Espezel, premier ravitaillement consistant au 50ème kilomètres, soit le tiers du parcours. Contrairement à la reconnaissance, nous contournons le village et c'est préférable car la rue du centre est assez étroite et pas étudié pour recevoir le passage d'une multitude de cyclos. A la fin du contournement, pas mal de cyclos sont arrêtés pour ôter leur coupe vent. Et là, ça va commencer à s'égrainer sérieusement. Une belle descente nous attend pour rejoindre l'embranchement qui va sur Niort et la montée du col des 7 frères.
600m et je quitte la route à Niort pour tourner à gauche pour prendre cette belle pente qui va sur Rodome à 18% sur pas mal de kilomètres. Des cyclos qui filent sur le Col des 7 frères, me souhaitent bon courage connaissant la difficulté qui m'attend. Bref, il faut que je me montre prudent car ça file encore de tout côté mais très vite, certains vont être collés au bitume. Dans la montée, certains ont besoin de poser pied à terre. Mais quand on l'a déjà monté, on peut suivre les points de repère que l'on s'est fait.
Malheureusement le ciel est toujours aussi plombé mais on ressent moins la pluie. On arrive à Aunat avant de plonger sur Gesse. Deux petits cols au passage sont franchis.
Les passages dans les villages sont assez étroits et on a toujours des spectateurs sur le bas côté des routes pour nous applaudir. Et les carrefours sont bien sécurisés et là, de côté là, ils sont vraiment au top. Malheureusement on se fait toutefois doubler par quelques véhicules. Ils ne peuvent pas tout filtrer. Et on plonge à une vitesse vertigineuse. J'ai craint pendant un certain temps que plein de gravillons soient dans les virages à cause des orages de la nuit précédente. Et là, c'est clean!
En bas de la descente, je file à droite au niveau de Gesse pour remonter la route des gorges de l'Aude. 12kms à parcourir que je n'aime toujours pas car on a l'impression de ne pas avancer. Je prends un coup de fouet pendant que je peux rouler tranquille. De temps en temps, deux ou trois coureurs me dépassent mais ce ne sont pas des bolides pour autant. Je crois que tout le monde est en train de gérer car le grand morceau est à venir. Par contre, le paysage est toujours sympa.
Je dois pour autant faire attention car quelques pierres sont tombées très certainement sur la route, hier soir lors de l'orage. La température pas trop élevé permet de mieux vivre ce passage. Et j'arrive au croisement d'Usson Les Bains, mais là la station thermale n'existe plus. La bosse commence par quelques virages où je peux apprécier la vue du château d'Usson. Certains cyclos se sont arrêtés sur le bas côté pour reprendre un peu de force en grignotant. Des anglais me dépassent en me saluant.
Et on se retrouve dans le département de l'Ariège après avoir roulé depuis les hauts de Belesta dans l'Aude. Un photographe du "Le Cycle" prend des photos au passage. Il parait qu'il devrait y avoir un article à la fin du mois sur la course. Je m'amuse à jouer à l'arroseur arrosé à prenant le photographe qui me photographie! Mais l'amusement n'est peut-être pas de mise. Bon là, je monte dans de bonnes conditions car les pourcentages ne sont pas encore importants.
Et dans la montée, j'entends une voix féminine m'interpeller! Et c'est la belle Laurianne qui me dépasse, alors qu'elle monte régulièrement. Bon profil non? Une jeune fille affutée. Les filles le sont lors de cette course.
Ne sachant exactement où les lieux de ravitaillement sont installés, je m'arrête à Rouze pour faire le plein de mes bidons mais pas de bol, l'eau ne coule pas du robinet. Donc je repars de suite en direction de Mijanès et là les pourcentages sont un peu plus conséquents. Mais maintenant je vais gérer jusqu'en haut de Pailhères et toujours sans me mettre dans le rouge.
Dans la montée de Mijanes je peux admirer la vallée et le dénivelé que je viens de parcourir. Et voilà enfin ce ravitaillement qui sera le seul avant le sommet qui est à 11kms avec des pourcentages moyens de 8% avec des passages à plus de 9%. Quelques motards s'occupant de la sécurité de la route se sont arrêtés. Je mange quelques rondelles d'orange et des fruits secs, tout comme je remplis mes bidons. Et hop je repars pour le dernier challenge.
Je n'aperçois que des cyclos isolés qui se battent avec la pente et surtout pas de spectateurs comme l'an passé dans la montée du Port de Lers car le ciel est vraiment plombé et la chaleur est loin d'être présente. Sur le bas côté les pancartes des kilomètres parcourus vont m'aider un peu à garder le moral.
Pour l'instant, ça ne mouille pas trop mais de toute façon avec l'effort pratiqué, je ne peux pas avoir froid. Et bientôt je me vais me retrouver dans les zigzags à des pourcentages importants.
En haut, les spectateurs éventuels peuvent s'imaginer les efforts fournis pour se hisser au sommet (quand le temps est clair!). C'est vrai que cette montée est vraiment est la plus belle.
Un petit peu de clarté dans cet épais brouillard. Je crois rêver que le sommet est dégagé mais je vais bien vite me tromper car le brouillard va devenir de plus en plus épais. Et là je rencontre régulièrement des cyclos qui marchent à pied, victimes de crampes. Un qui râle car il n'arrive pas à la faire passer. Et quelques kilomètres plus loin, ils remontent sur leur monture.
Il ne me reste plus qu'à imaginer le panorama que j'aurai pu apercevoir pas temps clair , au sommet. Mais rien ne m'arrête et c'est vrai que j'entrevois difficilement la fin. Heureusement que j'ai fait la reconnaissance quelques jours plus tôt.
Quelques temps auparavant Lauriane avait pu apercevoir le sommet au ravitaillement où je m'arrête mais il ne reste plus rien à grignoter. Je bois juste un verre d'eau avant de plonger jusqu'au croisement pour remonter sur le col de La Chioula. Inutile de vous dire que je vis l'enfer dans cette descente : j'ai les cuisses tétanisées par le froid et la pluie qui tombe à verse sur mes yeux car j'ai dû baisser mes lunettes pour descendre dans les meilleurs conditions. Je descends toutefois comme une bombe à des vitesses allant vers les 40/45kms/h beaucoup moins rapide que par temps sec et moins risqué. Mes patins couinent un maximum. J'arrive à dépasser pas mal de coureurs, mon point fort. Bon, j'avoue : je ne suis pas tellement raisonnable mais c'est le seul moyen pour récupérer de mon retard. 6kms à monter à 7/8% pour arriver en haut du col. Quelques cyclos qui trainent. La première voiture balai passe, bien chargée de vélo. Le conducteur au passage me demande si je vais bien. Vous inquiétez pas, tout va bien, j'assure, je lui réponds! Mais j'aurai dû prendre un autre coup de fouet pour bien terminer. A revoir la prochaine fois. Un ravitaillement au col de Marmarre que je rejoins en descendant. Mais je ne m'arrête pas parce que je veux en terminer rapidement.
Et là je plonge sur le village de Caussou à fond car je connais parfaitement cette descente étroite mais vide de tout véhicule car la montée leur a été interdite. Là encore, inutile de vous dire que j'en dépasse quelques uns dont cette jeune fille qui me rattrape dans la montée vers le château de Lordat. Et oui, depuis l'embranchement avec la route de Luzenac, j'ai droit à une succession de montagnes russes sur une quinzaine de kilomètres. Mais sachant que la fin est proche, je suis encore motivé. Prêt le village d'Appy, un spectateur ne manque pas de me dire que la fin est proche.
Et enfin je plonge sur Verdun en faisant attention car là j'ai droit à de multiples virages sur une route propre car les organisateurs avaient fait passer la voiture balai la veille. Mais c'est une descente que je connais parfaitement et les éclaireurs du circuit ne me font pas ralentir spécialement. Je me permets même de récupérer la jeune fille qui m'avait lâché quelque temps avant. D'ailleurs je le taquine en passant.
Pilou y était passé, il y avait bien longtemps en final de la Passéjade où il avait dû bien figurer. Les cyclos voulant faire la XXL devaient monter à Beille en final, un beau challenge car eux avaient comme parcours 164kms pour 4128m de dénivelé.
Robert, Adrien et Pilou attendaient patiemment mon arrivée. Ils avaient vécu ce périple dans de plus ou moins bonnes conditions.
Et voilà cette fameuse ligne d'arrivée, tant convoitée! Bon mon but n'était pas le classement mais simplement terminer dans de bonnes conditions cette course de 156kms pour 3128m de dénivelé. Un autre cyclo vient vers moi pour me dire qu'il m'avait vu, il y a quelques jours au sommet de Pailhères mais sous le soleil. Didier m'attend comme prévu et on va parler avec les autres copains autour d'une bière et de café.
Ainsi s'achève cette belle cyclo, toujours aussi bien organisée. L'année prochaine l'arrivée sera à Auzat et quel parcours vont-ils inventer? Alors, à l'année prochaine, je devrais y être!